Lorsque des parents séparés ou en conflit envisagent une audition amiable pour leur enfant, de nombreuses questions et émotions peuvent surgir. Comment expliquer cette démarche à son enfant sans qu’il angoisse ? Comment le rassurer sur ce qui va se passer, sans l’influencer sur ce qu’il devrait dire à l’auditeur à l’enfant ? Ce guide a pour objectif de fournir les outils nécessaires pour mieux préparer l’enfant et le mettre en confiance.

Étape 1 : Comprendre l’audition amiable et pourquoi elle est utile

Avant de préparer votre enfant, il est essentiel que vous, parents, compreniez bien ce qu’est une audition amiable dans un contexte psychosocial. Il s’agit d’une rencontre, hors du cadre judiciaire, où un professionnel neutre et formé va recueillir la parole de l’enfant dans un espace neutre et bienveillant. L’objectif est de donner à votre enfant la possibilité de s’exprimer librement sur sa situation, par exemple sur le partage de temps parental, le vécu de la séparation, ses besoins ou préoccupations sans aucune pression ni jugement.

Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, l’audition amiable n’est pas un interrogatoire ni un moyen de faire “choisir” l’enfant entre ses parents. Votre enfant ne sera pas bombardé de questions piégeuses, ni poussé à prendre parti. Au contraire, c’est un moment d’écoute où il peut parler de son ressenti en toute confidentialité. On ne lui demandera pas de décider quoi que ce soit puisque les décisions finales continuent de relever des adultes, généralement des parents, ce qui évite de faire peser sur l’enfant un poids qui n’est pas le sien.

Pourquoi cette démarche peut aider votre enfant ?

Si l’idée de faire entendre votre enfant vous inquiète, sachez que bien menée, l’audition amiable peut être très bénéfique et non menaçante pour lui. D’une part, elle lui donne un droit à la parole dans une situation qui le concerne directement. Beaucoup d’enfants au cœur d’un conflit de séparation ressentent un besoin d’être écoutés et pris en considération. L’expérience montre que les enfants ne sont généralement pas accablés par ce genre d’entretien, bien au contraire : ils ont besoin de comprendre ce qui se passe autour d’eux et de se rendre compte que leurs idées et/ou leurs craintes sont entendues, ce qui les rend plus forts.

Être entendu dans un contexte bienveillant peut même apporter un soulagement à l’enfant, en particulier si la situation est tendue, car il reçoit des informations et peut réfléchir à sa situation ; cela l’aide à mieux se préparer aux changements à venir ou à mieux comprendre ceux qui ont déjà eu lieu. Et pour vous, parents, c’est l’opportunité de mieux saisir ce que votre enfant ressent réellement, au-delà des non-dits, afin d’ajuster vos décisions en conséquence

Étape 2 : Expliquer à votre enfant ce qui va se passer au cours de l’audition amiable

Une fois que vous êtes au clair avec le concept, place à la préparation de votre enfant. Comment lui présenter l’audition amiable sans l’inquiéter, et sans trop en dire ?

Choisissez un moment calme et propice au dialogue. Évitez d’aborder le sujet à la va-vite ou dans un moment de stress. Installez-vous dans un endroit où l’enfant se sent en confiance. Par exemple, pendant un moment de jeu tranquille ou lors d’une promenade, vous pouvez introduire la conversation.

Expliquez-lui le contexte avec des mots adaptés à son âge. L’idée est de le situer dans ce qui se passe, sans entrer dans les détails du conflit parental. Vous pouvez par exemple lui dire quelque chose comme : « Tu sais, en ce moment Papa et Maman ont du mal à se mettre d’accord sur [la garde/les horaires/…]. On a envie de savoir ce que toi tu ressens là-dedans, ce qui est important pour toi. Il y a une personne dont le travail est justement d’écouter les enfants quand les parents n’arrivent pas à s’entendre. » Insistez sur le fait que cette personne n’est ni un juge ni quelqu’un qui va le gronder, mais un professionnel gentil qui est là juste pour lui, pour l’écouter sans prendre parti.

Vous pouvez ajouter, selon son âge : « Tu pourras lui parler de ce que tu aimes ou n’aimes pas dans notre organisation actuelle, de ce qui te rend heureux ou te tracasse. Cette personne va m’aider (et aider Papa/Maman) à mieux comprendre ce que tu vis, afin qu’on prenne les meilleures décisions pour toi. »

Rassurez sur le déroulement pratique. Les enfants sont souvent plus sereins quand ils savent à quoi s’attendre concrètement. Décrivez-lui comment cela va se passer, de manière simple : « On ira tous les deux/les trois dans un endroit spécial (par exemple une maison de la famille ou un bureau) où tu rencontreras [nom de l’auditeur/trice ou “une dame/un monsieur” selon son âge]. Je ne serai pas dans la pièce pendant que tu parleras avec elle/lui, mais ne t’en fais pas, je ne serai pas loin et tu pourras me retrouver juste après. Tu seras dans une salle où il y aura peut-être des jeux ou de quoi dessiner. Tu pourras t’asseoir comme tu veux, parler de ce que tu veux. » Si vous le savez, dites-lui aussi qui sera présent (uniquement l’auditeur/trice, ou peut-être un co-intervenant). Souvent, l’enfant est reçu seul avec le professionnel, ce qui garantit qu’il puisse parler librement. Précisez-lui bien qu’il pourra dire tout ce qu’il veut, ou même choisir de dessiner ou jouer pour s’exprimer : il n’y a aucune obligation de répondre si quelque chose le met mal à l’aise. L’important est qu’il sache que cet adulte est là pour l’aider, pas pour le juger.

Enfin, insistez sur un point crucial : « Ce n’est pas toi qui vas décider des choses importantes. Dites-lui par exemple : « Ton avis compte beaucoup pour nous, mais ce n’est pas toi qui porteras la décision finale. Ce sont les grands qui devront réfléchir et décider de ce qui est mieux, en se servant de ce que tu auras exprimé. Donc tu n’as pas à t’inquiéter de “choisir” ou de “fâcher” quelqu’un : ça n’arrivera pas. » Soulager votre enfant de cette idée de choix est fondamental : cela réduit énormément son conflit de loyauté et son anxiété. Il comprend qu’il peut parler librement, sans craindre de causer du tort à l’un de ses parents, ni porter le poids du résultat.

Que vous soyez un avocat en droit de la famille ou un parent confronté à des décisions cruciales pour le bien-être des enfants, nous sommes là pour vous accompagner. Notre équipe peut vous offrir un soutien professionnel, des conseils éclairés et des recommandations adaptées à votre situation.

Préparer l’audition amiable, étape 3 : Répondre aux questions de l’enfant, sans l’influencer

Même avec une bonne explication, votre enfant aura peut-être des questions ou craintes. Voici quelques préoccupations fréquentes et comment y répondre de manière rassurante tout en restant neutre.

« Qu’est-ce que je dois dire ? Et si je ne sais pas quoi dire ? ». Expliquez-lui qu’il n’y a pas de bonne ou de mauvaise réponse. Ce n’est pas un examen, ni un quiz. Il peut parler de ce qu’il veut, comme il le veut. S’il ne sait pas quoi dire, ce n’est pas grave non plus. Le professionnel sait comment le mettre à l’aise et lui poser des questions simples. Dites-lui bien que tout ce qu’il dira sera correct, car c’est son avis. Par exemple : « Tu peux tout dire, il n’y a pas de réponse attendue. Ce que tu penses et ressens, c’est ça que l’auditeur veut entendre, et il n’y a pas de “bonne” ou “mauvaise” chose à dire ».

Cette phrase est importante : elle dédramatise et empêche l’enfant de chercher à deviner ce qu’on attend de lui (par peur de “mal faire”).

« Est-ce que tu (Papa/Maman) sauras ce que j’ai dit ? » Question délicate, car l’enfant peut redouter vos réactions si vous apprenez certaines de ses paroles. Vous pouvez répondre honnêtement que le contenu de l’entretien est confidentiel, sauf ce que l’enfant accepte de partager. Expliquez : « L’auditrice va surtout utiliser ce que tu dis pour nous aider à mieux comprendre comment tu vas. Elle te demandera peut-être s’il y a des choses que tu es d’accord de nous raconter à Papa et Maman. Si tu ne veux pas que tout soit répété, c’est correct aussi. Donc dis ce que tu veux, personne ne viendra tout me rapporter mot à mot. » Ajoutez que vous ne chercherez pas à tout savoir : « Je ne te poserai pas de questions indiscrètes après. Si tu veux m’en parler, tu pourras, mais tu ne seras pas obligé. » Cette assurance est cruciale pour que l’enfant se sente libre de s’exprimer sans craindre de blesser l’un ou l’autre parent.

« Et si je dis quelque chose qui te rend triste ou en colère ? » L’enfant peut craindre de “faire de la peine” ou de fâcher ses parents en étant honnête. Il est vital de le déculpabiliser. Dites-lui par exemple : « Tu as le droit de tout me dire et de tout dire à l’auditrice. Parfois, les parents peuvent être un peu tristes d’entendre que leur enfant est triste, parce qu’ils préféreraient que tout aille bien. Mais tu sais quoi ? Ça nous aide aussi de savoir ce que tu ressens vraiment. Moi, je préfère que tu dises la vérité sur ce que tu vis, même si c’est dur à entendre, parce que comme ça je pourrai essayer de faire mieux ou de te soutenir. Je ne serai jamais en colère contre toi parce que tu dis ce que tu ressens. Jamais. » Vous pouvez même préciser : « Si quelque chose me rend un peu triste, ce ne sera pas de ta faute, d’accord ? Ce sera la mienne, parce que j’aurais souhaité que tu n’aies pas à vivre ça. Mais je serai content(e) que tu l’aies dit, parce que comme ça on pourra trouver des solutions. » En adoptant ce genre de formulation, vous renvoyez à votre enfant qu’il a le droit d’exprimer ses émotions, et que vous avez la maturité pour les accueillir sans le blâmer. C’est très rassurant pour lui de sentir que vous ne vous “briserez” pas à cause de sa parole.

« Et si je ne veux pas y aller ? » Il se peut qu’un enfant refuse catégoriquement l’idée de parler à un inconnu de ses problèmes familiaux. Si votre enfant manifeste un refus net, n’entrez pas dans un bras de fer. Rappelez-lui doucement pourquoi vous pensez que c’est utile pour lui, par exemple : « Tu sembles souvent triste/fâché ces temps-ci et on n’arrive pas bien à savoir comment t’aider… Cette personne pourra peut-être comprendre avec toi ce qui te ferait du bien, et après on essayera de le faire. » Soulignez que c’est une chance pour lui de donner son avis. Cependant, n’ignorez pas sa crainte : « Je sais que ça peut faire un peu peur parce que c’est nouveau. On va bien se préparer ensemble, et si vraiment tu ne te sens pas du tout, on en reparlera. » En dernier recours, si l’enfant est assez grand et refuse absolument, mieux vaut en discuter avec le professionnel qui pourra peut-être le rencontrer de manière informelle d’abord, ou rassurer directement l’enfant. Forcer un enfant à une audition contre sa volonté peut s’avérer contre-productif. Dans la mesure du possible il faut qu’il y aille en comprenant l’intérêt pour lui. Gardez le dialogue ouvert : « Tu as le droit de ne pas avoir envie. Parle-moi de ce qui te fait peur, on va voir comment te rassurer. » Et si l’enfant maintient son refus, respectez-le autant que possible et voyez avec les intervenants s’il y a d’autres moyens de l’aider à s’exprimer.

Étape 4 : Préparer l’enfant en douceur, jeux de rôle et attitudes rassurantes

En plus des explications verbales, vous pouvez aider concrètement votre enfant à se sentir prêt, sans pour autant le “coacher”. Il s’agit de démystifier l’audition amiable et de mettre votre enfant en confiance, tout en évitant de le sur-préparer pour ne pas biaiser son discours.

Faites un mini jeu de rôle si l’enfant le souhaite. Certains enfants seront rassurés de simuler un peu ce qui va se passer. Par exemple, vous pouvez proposer : « Et si on jouait que moi j’étais la dame qui va t’écouter, et toi tu viens me parler ? » Prenez vos doudous ou marionnettes, et faites comme une petite scène amusante. L’idée n’est pas de soutirer à l’avance ce que l’enfant va dire, mais de lui montrer qu’il n’y a rien de sorcier. Posez-lui des questions toutes simples en imitant un ton doux. Laissez-le répondre librement ou même dévier sur autre chose ; ce n’est pas grave. Le but est juste qu’il se familiarise avec le principe de parler de lui. Si l’enfant est réticent à ce jeu, n’insistez pas. Chaque enfant a sa manière de se préparer : certains préfèreront dessiner ce qu’ils ressentent, d’autres voudront juste qu’on les rassure sans trop en parler.

Donnez-lui des repères rassurants. Par exemple, proposez-lui de choisir un objet réconfortant à emmener lors de l’audition amiable : un doudou, une petite figurine, un bracelet “magique” que vous lui prêtez. Vous pouvez dire : « Si tu veux, tu pourras garder ce petit objet dans ta poche. Chaque fois que tu le toucheras, tu sauras que je suis avec toi par la pensée et que tout va bien. » Ces petits gestes symboliques peuvent apporter beaucoup de confort affectif à l’enfant pendant l’entretien.

Montrez une attitude sereine et encourageante. Les enfants sont de véritables éponges émotionnelles : ils captent vos inquiétudes, même silencieuses. Il est donc important de gérer votre propre stress pour ne pas le communiquer à votre enfant. Avant de parler de l’audition ou le jour J, prenez le temps de respirer et de vous centrer pour projeter autant que possible une confiance calme. Par vos mots et votre langage corporel, faites sentir à votre enfant que vous êtes sûr(e) que tout va bien se passer. Par exemple : souriez-lui, prenez-le dans vos bras en disant « Tu n’es pas seul, on fait ça pour t’aider, et je sais que tu vas très bien t’en sortir ». Valorisez-le : « Tu es capable de dire ce que tu penses, à ton rythme. Je te fais confiance. » Des études ont montré que le fait que les parents croient l’enfant capable de surmonter ce défi et lui fassent confiance le rend lui-même plus fort et confiant.

À l’inverse, si un parent se montre paniqué ou désespéré (« Mon pauvre chéri, ça va être horrible… » ou pleure d’angoisse), l’enfant risque de se braquer ou de vouloir protéger son parent en refusant de parler. Donc, même si vous n’êtes pas complètement rassuré intérieurement, essayez d’adopter une posture positive : « On va y arriver, c’est une étape et on en ressortira plus forts. »

Gardez une neutralité bienveillante. Votre rôle de parent accompagnant est d’être du côté de votre enfant, pas de tirer la couverture de votre côté. Faites-lui comprendre que vous acceptez toutes ses opinions, sans tenter de les orienter. Par exemple, évitez absolument de dire des choses comme : « Tu pourras dire à l’auditrice que tu préfères quand tu es chez moi, hein ? » ou « N’oublie pas de lui raconter comme tu es triste quand Papa te ramène tard… ». Même si, au fond de vous, vous espérez que l’enfant exprime tel manque ou telle préférence, il est primordial de ne pas lui souffler ses réponses.

D’une part, l’enfant le sentirait et pourrait se sentir pris en étau : il détestera l’idée de “trahir” l’un pour contenter l’autre. D’autre part, les professionnels formés à l’écoute des enfants savent détecter les paroles trop apprises : cela décrédibiliserait la démarche et pourrait même empirer les tensions. Faites donc confiance à votre enfant : s’il a un grief important, il l’exprimera à sa façon. S’il n’en parle pas, c’est sans doute qu’il n’est pas prêt ou que ce n’est pas ce qui le préoccupe le plus ; et c’est à respecter.

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Préparer l’audition amiable, étape 5: ce qu’il faut éviter et les pièges à ne pas commettre

Il est tout aussi important de connaître les erreurs fréquentes à ne pas faire pendant la préparation, souvent dictées par l’angoisse parentale.

Ne faites pas de l’audition amiable un enjeu dramatique du type « Tu as intérêt à bien expliquer que… » ou « C’est très important, il faut absolument que tu dises tout ! ». Même si vous êtes vous-même stressé par cette étape, évitez de transférer cette pression à votre enfant. Plus vous lui mettez d’attentes sur les épaules, plus il se sentira responsable et anxieux. Au contraire, dédramatisez : c’est juste une discussion, pas un tribunal, pas un examen, pas un ultimatum. Ne lui faites pas croire que son entretien va tout régler ou tout compliquer : charge émotionnelle bien trop lourde pour lui.

Faites aussi attention aux conversations d’adultes à portée d’oreilles. Par exemple, éviter de dire au téléphone « J’ai peur qu’il raconte n’importe quoi » ou « J’espère qu’elle va dire qu’elle veut plus aller chez son père ». Évitez aussi de sur-réagir devant l’enfant : par exemple, fondre en larmes en lui parlant de l’audition, ou dire « Je suis tellement nerveux/se à l’idée de ce que tu vas raconter… ». Cela met l’enfant en situation de devoir gérer vos émotions, ce qui n’est pas son rôle. Efforcez-vous de rester rassurant en présence de l’enfant, quitte à évacuer votre stress plus tard, hors de sa vue.

Dénigrer l’autre parent ou le processus. Même si la séparation est conflictuelle, préservez l’enfant de vos règlements de comptes. Ne dites pas : « Tu sais bien que si on en est là, c’est parce que Papa/Maman a tout compliqué… » ou « De toute façon, ces entrevues ne servent à rien, c’est ta mère qui a voulu ça… ». Ce genre de phrases décrédibilise l’audition aux yeux de l’enfant ou le place en conflit de loyauté.

Comme nous l’avons abordé précédemment, évitez absolument de répéter avec lui un script ou de lui faire promettre de mentionner tel ou tel point. Ne posez pas non plus une tonne de questions style « Qu’est-ce que tu vas dire si on te demande… ? » sous prétexte de l’entraîner ; cela reviendrait à l’amener à préméditer ses réponses pour vous faire plaisir. Laissez ses propos venir de lui. Ayez confiance : même s’il n’exprime pas tout ce que vous auriez voulu, l’entretien donnera sans doute au professionnel des indices sur son bien-être, et rien ne vous empêche ensuite, vous parents, de faire valoir certains faits auprès du médiateur ou de l’intervenant séparément. Mais l’enfant, lui, doit rester spontané.

Cela paraît évident, mais dans des situations tendues certains parents peuvent déraper. Bannissez toute phrase du genre : « Si tu dis ça, tu vas voir… » ou « Ne pense même pas à demander à vivre chez X, sinon… ». C’est extrêmement insécurisant pour l’enfant et totalement contre-productif : il se refermera ou dira juste ce que vous voulez entendre par peur, faussant complètement l’audition, sans compter le tort immense fait à votre relation de confiance. De même, ne soudoyez pas l’enfant pour qu’il tienne un discours “Je t’achèterai ce que tu veux si tu dis que…”. L’enfant ne doit rien “devoir” à personne dans cette histoire.

Étape 6 : Après l’audition amiable, écouter, accueillir… et rester parent

L’audition amiable s’est déroulée, votre enfant a parlé. Comment bien gérer l’“après” ? Cette étape est tout aussi importante pour le bien-être de votre enfant et le climat familial.

Laissez-le revenir à vous à son rythme. Juste après l’audition, l’enfant peut ressentir un grand soulagement ou au contraire être un peu anxieux en repensant à ce qu’il a dit. Ne le bombardez pas de questions.

Si votre enfant a envie de parler de l’audition, écoutez-le activement, sans corriger ses propos ni minimiser ce qu’il a ressenti. Peut-être va-t-il dire : « J’ai dit à la dame que j’en avais marre que vous vous disputiez ». Même si cela vous pique au cœur, ne vous justifiez pas dans l’instant du genre « Tu sais bien que ce n’est pas de ma faute… ». Contentez-vous d’accueillir : « D’accord… tu as bien fait de le dire. » Vous pourrez reparler plus tard des solutions, mais sur le moment, l’enfant a juste besoin d’être entendu et validé par vous aussi. Remerciez-le éventuellement : « Merci d’avoir partagé ça, ça m’aide à comprendre. » S’il exprime des inquiétudes du style « Et si vous n’êtes pas d’accord avec ce que j’ai dit ? », rassurez-le : « On va réfléchir ensemble à tout ça. Ton avis compte pour nous, et on ne t’en voudra jamais d’avoir dit ce que tu ressens. »

Restez attentif dans les jours qui suivent. Certains enfants verbaliseront peu mais pourraient montrer d’autres signes de mal-être après coup. Si vous constatez des changements, ouvrez la porte au dialogue sans dramatiser : « Je te sens un peu pensif/triste depuis la rencontre, tu veux en parler ou poser des questions ? » Sans harceler l’enfant, faites-lui savoir que le sujet n’est pas tabou et que vous êtes disponible. Des discussions ouvertes et rassurantes, adaptées à l’âge de l’enfant, peuvent l’aider à traiter ses émotions et à comprendre que ses sentiments sont valides et importants.

Enfin, respectez les engagements pris : si, à la suite de l’audition amiable, vous (les parents) avez promis de changer certaines choses pour le bien de l’enfant, faites-le. Rien ne servirait plus à l’enfant que de sentir que sa parole a été vaine. Au contraire, s’il voit que ses parents ajustent leur comportement ou leurs accords en tenant compte de ce qu’il a exprimé, il se sentira valorisé, en sécurité et compris. Cela renforce sa confiance en vous et en l’efficacité du dialogue.

Adopter la bonne démarche, un enfant au centre, jamais au milieu

Préparer votre enfant à une audition amiable revient à trouver un équilibre subtil : lui donner les clés pour s’exprimer librement, tout en veillant à ne pas orienter ni exploiter sa parole. Votre rôle de parent est d’être un pilier émotionnel : celui qui soutient, qui rassure et qui protège, y compris du conflit de loyauté. Une audition amiable bien préparée et bienveillante place « l’enfant au centre, sans le mettre au milieu » du processus de décision. Cela signifie que sa voix compte, mais qu’il n’a pas à porter le conflit sur ses frêles épaules.